K74 - Tel Aviv


K74 - Tel Aviv


Tel Aviv, mi-Juillet 2009, midi, 35 degrés l'ombre. Et pourtant, ce n'est pas la chaleur qui a fait fondre la moitié du nouveau graffiti apparu il y a 3 semaines au coin des rues Lilienblum et Herzl.
Tel Aviv a-politique? Tel Aviv, la bulle? Pas tant que ça.
L'artiste / le tagueur / le vandale - cela dépend du point de vue sans doute, du niveau social peut-être, de l'âge certainement et de l'intelligence toujours - est K74. Le graffiti nous vient droit de Los Angeles où l’artiste (c’est ainsi que je les appelle) l’avait intitulé "the kiss of death", un clin d’œil à la grippe porcine qui apparaissait et devenait pandémique. (http://unurth.wordpress.com/2009/05/11/k74-kiss-of-death-los-angeles/


A Tel Aviv il devient autrement politique. Les chirurgiens hermétiques, aseptisés et stérilisés de L.A. font place à deux personnages portant sur leur têtes les deux nations les plus médiatisées de la planète. En sus, ils s’embrassent au milieu de la rue, au vu et au su de tous – le carrefour ou l’artiste a choisi de poser son œuvre est très central et il y passe des milliers de gens tous les jours – bouches masquées en se regardant droit dans les yeux. L'un porte le drapeau palestinien, l'autre l'israélien.
S'ils ne s'embrassaient pas, ils se toiseraient de la même manière, dans la même position.


Malheureusement, ce baiser a fortement déplu a certains. A tel point qu'ils l'ont abimé. Ils lui ont arrangé le portrait. Et oui! Nous sommes à Tel Aviv! Cette fois, c’est le visage palestinien qui a été bafoué, amoché, rendu méconnaissable, mais c’aurait pu être le contraire, c’aurait pu être les deux.

Une des raisons qui me font tant aimer cet art des murs (Blank walls are ethical silence est écrit sur ce même pan de mur), c’est son côté éphémère, son côté rose de Ronsard. Et moi qui avait peur que la municipalité ne l'efface – le graffiti a été peint sur un des beaux et anciens bâtiments de Tel Aviv, un vestige de son temps entouré aujourd’hui de presque gratte-ciel abritant des banques – qui me suis empressée (mais pas assez) d'aller le prendre en photo, craignant qu’il ne disparaisse, j'ai du me rendre a l'évidence. La municipalité s'en fiche et a d'autres chats à battre. Surtout en plein été, surtout en pleine saison touristique! Non, c'est tellement plus simple. Une idéologie en a remplace une autre.

Ces idéologues, savaient-ils seulement qui est K74?
En réalité, peu de gens le savent. Comme tous les tagueurs, il préfère garder l'anonymat... Ce qui ne l'empêche nullement, par ailleurs, d'avoir son site - http://www.kosher74.com/ - de se faire de la pub et de vendre ses œuvres online. Œuvres qui, du coup, qui montent tout de même jusqu'à $ 2.500. Quant à son nom, il signe d’un modeste ‘K74’, son site indique que le ‘K’ vient de ‘Kosher’, reste à deviner ce que signifie le 74. Sa date de naissance ? Une recherche google ne donne pas beaucoup plus d’informations, en vrac : une sorte de modem, une formule chimique, le numéro d’un container en provenance de Chine, un navire de guerre britannique de la Seconde Guerre mondiale, le seul d’ailleurs qui a été coulé par les Allemands, etc…
A côté, du couple masqué et à présent démasqué, il y a le fameux Moïse de K74, tenant, non plus les Tables de la Lois, mais deux énormes baffles. Celui-là personne ne l’a touché. Il est intitulé « Moses bringing the noise » et … il en a fait et continue d’en faire.
Et ici, tant que ça bouge et que c’est bruyant, ça ne dérange personne, au contraire!

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